Macron, fervent défenseur devant l’Éternel de la laïcité, a décrété la mise en berne des drapeaux des bâtiments publics, samedi, en hommage à Jorge Bergoglio, le pape François. Une nouvelle démonstration de l’hypocrisie toute apostolique et romaine du personnage pour qui la défense de la laïcité est surtout un prétexte pour dénoncer l’Islam de la même façon que sa lutte contre l’antisémitisme n’est qu’une façon de se rallier au sionisme et de justifier la guerre contre le peuple palestinien tout en jouant au défenseur de son droit à un Etat. Faux semblants et hypocrisie sont pour lui un mode d’existence. Cynisme qu’il a affiché démonstrativement durant son voyage dans l’Océan Indien, à Mayotte dévastée et abandonnée après le cyclone Chido en décembre pour y faire de... nouvelles promesses avant de se déplacer à La Réunion autre vestige de l’empire colonial de la France où l’épidémie de Chikungunya révèle le délabrement du système de santé submergé, puis à Madagascar, ex-colonie...
Il a fini son périple à… Rome pour les obsèques du pape et chercher la bénédiction de l’Église qui a toujours béni les conquêtes coloniales des puissances occidentales depuis leurs origines, les croisades, pour aujourd’hui contribuer à leur domination.
La veille de sa mort, le pape a tenu à consacrer ses derniers instants au représentant de Trump, le vice-président J.D. Vance, ancien évangéliste converti au catholicisme, par ailleurs libertarien très réactionnaire, adorateur du veau d’or, raciste, porté par une foi sans limite dans l’économie de marché et la concurrence capitaliste. Voilà qui éclaire le contenu réel du dernier message du pape, Urbi et orbi, à la ville et au monde, dans la lignée des prises de position qui lui valent d’être qualifié de « progressiste » et de « pacifiste ». Il y a invoqué « le Christ ressuscité » pour accorder « la paix et le réconfort aux populations africaines victimes de violences et de conflits, en particulier en République démocratique du Congo, au Soudan et au Soudan du Sud, et qu’il soutienne ceux qui souffrent des tensions au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs. » Il a dénoncé la « situation humanitaire dramatique et ignoble » à Gaza pour appeler à un cessez-le-feu et « que l’aide précieuse soit apportée à la population affamée qui aspire à un avenir de paix » et espéré « le don pascal de la paix sur l’Ukraine meurtrie ». Ce discours peut et a pu susciter des sympathies populaires mais il n’est qu’une vaine indignation impuissante qui ne réussit pas à masquer le soutien de l’Église aux puissants et n’a pas beaucoup dérangé J.D. Vance !
Le pacifisme et le progressisme du pape étaient un affichage politique pour tenter de moderniser cette force réactionnaire qu’est l’Église après la violente politique anticommuniste de Jean Paul II et l’effondrement de l’URSS pour élargir son influence aux pays dits du Sud, les anciennes colonies des vieilles puissances occidentales, pour y asseoir son influence au profit des nouvelles formes de pillage développées par la financiarisation du capitalisme mondialisé.
Issu de l’Église d’Argentine qui fut un des plus fidèles soutiens de la dictature militaire de 1976 à 1983 avec laquelle il a collaboré, il a toujours été un défenseur de l’ordre capitaliste patriarcal, lui qui assimilait ceux qui pratiquaient l’IVG à « des tueurs à gage ». Sa dénonciation de la « mondialisation de l’indifférence », de la crise climatique, « crise morale », ses prises de position concernant les migrants et contre les plans de déportation massive de Trump ne sont jamais sorties du cadre de la charité chrétienne, l’hypocrisie qui s’incline devant la réalité tout en la regrettant. Le « pape des pauvres », fidèle au paternalisme méprisant et cynique des classes dominantes et de toutes les religions qui visent à mettre les pauvres à genoux devant le mirage d’une vaine promesse de salut dans l’au-delà, a voulu adapter l’Église aux évolutions du monde et à l’irruption des peuples opprimés des anciennes colonies. Il s’y est lui-même parfaitement adapté comme en témoigne son ultime rencontre avec Vance comme s’y adaptera sans aucun doute son successeur...
La réaction internationale prie le ciel d’un miracle impossible
Tous les représentants et dignitaires de ces puissances occidentales et leurs alliés étaient tous là, à Rome, samedi matin, pour les funérailles d’un des leurs, chef d’un petit Etat certes mais très riche et influent dont la cinquième colonne possède de multiples et puissants réseaux... Les Trump, von der Leyen, Macron, Zelenski et autres Milei qui, comme Lula, a décrété huit jours de deuil national, ces fous du capital plus que de dieu étaient là, illusionnés, subjugués eux-mêmes par cette étrange puissance d’un si petit État dépourvu d’arme nucléaire, cherchant peut-être dans la puissance millénaire du décorum romain la folle illusion de l’éternité du royaume sur terre du capital...
Ils n’étaient pas venus prier pour la paix et ont affiché à travers leurs négociations improvisées sur la guerre d’Ukraine leur désinvolture et mépris des peuples. Ils ne croient guère aux miracles et recherchaient la bénédiction de l’Église en soutien à leur politique militariste pour convaincre les populations de la nécessité du réarmement et de préparer la poursuite des guerres, de leur escalade belliciste tout en organisant leur jeu de rôle cynique des négociations de paix. Ils étaient là pour prendre leur place d’acteur de cette cérémonie théâtralisée, cette mondiovision de propagande organisée et relayée par tous les médias obséquieux, cette mise en scène de l’alliance du sabre et du goupillon, de la religion et de l’État, du mensonge érigé en religion au service de l’ordre établi pour, sinon mettre les travailleurs à genoux, au moins pour les subjuguer, les désarmer politiquement et moralement devant l’étalage de leur puissance.
Car c’est bien à ça que leur sert la religion, quelle qu’elle soit, et ils n’ont plus qu’elle pour tenter de donner à leur pouvoir égoïste, parasitaire, prédateur, destructeur, un semblant de légitimité sociale. En réalité, ils donnent le spectacle d’un vieux monde en voie de disparition, un spectacle ridicule et mortifère, qui, pas plus que leur système économique, ne représente l’avenir de l’humanité.
Plus les religions tentent de se moderniser plus elles démontrent le caractère réactionnaire de toutes les Églises tout aussi historiquement condamnées que la société d’exploitation et d’oppression, de classe qu’elles justifient, défendent et protègent.
Les réponses des dirigeants aux contradictions globales de la société capitaliste mondialisée, à sa faillite, qu’ils soient financiers, politiciens idéologues ou religieux, sont marquées de la même impuissance.
Le capitalisme, c’est la guerre contre les travailleurs et les peuples, vive le socialisme et la planification !
La guerre commerciale déclenchée par Trump en est l’illustration. En prétendant redonner sa grandeur au capitalisme américain il en accélère la marche à la faillite ainsi que celle du capitalisme mondialisé. Selon le rapport du Fonds monétaire international sur les Perspectives de l’économie mondiale publié mardi « l’incertitude est montée à des niveaux sans précédent. [...] Des revirements majeurs de politique économique remettent en cause le commerce mondial et engendrent une incertitude susceptible de fragiliser la résilience de l’économie mondiale. » « À la différence du siècle dernier, l’économie mondiale se distingue aujourd’hui par un haut degré d’intégration économique et financière. Les chaînes d’approvisionnement et les flux financiers s’entrecroisent sur la planète et leur possible désagrégation pourrait être une cause majeure de bouleversements économiques. […] Nous entrons dans une nouvelle ère, car le système économique mondial qui a fonctionné au cours des 80 dernières années est en train d’être réinitialisé. » Les technocrates du FMI au service du système, lucides, sont obligés cependant de laisser croire à la réinitialisation d’un système dont ils décrivent la contradiction mortelle.
Le capitalisme mondialisé est en train de se désagréger par le jeu de puissantes forces contradictoires, opposées, la mondialisation, l’interdépendance, la socialisation de l’économie disloquées par la propriété privée capitaliste de plus en plus concentrée entre les mains d’une oligarchie financière parasite qui s’est soumis les Etats, instruments de leur guerre commerciale et militaire pour le pillage et l’appropriation des richesses.
Le système n’est pas réinitialisé, il ne peut lui-même se transformer, il marche à sa fin. Devenu sénile, il a épuisé ses forces. A défaut de répondre aux besoins de la société, il ne peut qu’en piller les richesses en accroissant dans une fuite en avant aveugle la concurrence entre les Etats et l’exploitation des peuples, du monde du travail et de la terre.
Il faut militariser l’économie et embrigader les populations, car la concurrence internationale prend clairement le visage de la guerre. Ce recours au militarisme, accompagné d’attaques de plus en plus profondes contre les droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière, s’intensifiera. Les différentes composantes de la classe capitaliste sont entraînées dans une folle sarabande guerrière. La folie de Trump, c’est l’égoïsme social poussé jusqu’à l’absurde, l’incarnation de la folie d’un système, l’aveuglement d’une classe qui se prosterne devant un mirage et poursuit sa marche au fascisme et à la mondialisation de la guerre.
Seul le prolétariat, l’ensemble des exploités et des opprimés, peuvent sortir la société de cet engrenage mortifère pour mettre les classes dominantes hors d’état de nuire et construire une société fondée sur la solidarité collective, la planification économique, le socialisme.
L’émancipation ne connaît ni patrie ni frontière, ni dieu ni maître
L’Europe, la France sont au centre de cette crise. Minées par leurs rivalités, les vieilles puissances impérialistes sont impuissantes face à la féroce concurrence internationale, jouets des multinationales capitalistes pour lesquelles les usines, la production, les travailleurs sont de simples actifs financiers. Les licenciements annoncés par ArcelorMittal, les menaces de fermeture d’usines en sont la dramatique conséquence, effet de la guerre économique, de la course à la rentabilité capitaliste.
L’État qui a largement subventionné Mittal, le gouvernement qui lui a promis 850 millions d’euros pour financer un projet de production d’acier décarboné, les politiciens parlementaires, tous nous parlent de souveraineté nationale, de la nécessité de maintenir la sidérurgie pour fabriquer des canons Caesar... Aucun ne se place du point de vue des travailleurs, simples soldats de leur guerre. Ils n’osent même pas nationaliser les usines menacées par Mittal pas plus que garantir aux licenciés un travail et un salaire en prenant sur le capital ni imaginer la nécessité d’une réorganisation de l’économie en fonction des besoins de celles et ceux qui produisent les richesses, de la population.
La gauche syndicale et parlementaire est impuissante au point que la CGT se félicite de pouvoir participer à une cellule de crise pour discuter avec le patronat et l’État des réponses face à la guerre commerciale des capitalistes.
Il n’y a pas de place pour le « dialogue social » dans une guerre sociale sans limites pas plus qu’il n’y a de réponses à la guerre dans un « droit » international qui gère les rapports de forces pour préparer de nouveaux conflits.
Notre force, notre richesse c’est notre solidarité de classe, la solidarité de celles et ceux qui ne connaissent pas les frontières ni ne craignent de préparer l’affrontement avec les dirigeants de ce monde fini qui voudraient nous enrôler, de gré ou de force, dans leur guerre.
C’est ce que nous dirons dans la rue, ce 1er Mai, journée internationale des travailleur·ses, un moment pour œuvrer à l’unité des travailleur·ses et de leurs organisations sur des bases de classe internationalistes contre la guerre, pour le socialisme, le communisme.
Yvan Lemaitre



