Alors que l’armée israélienne sommait la population de Gaza City, des centaines de milliers de Palestiniens, de quitter la ville pour y mener de nouvelles attaques dévastatrices au sol, s’ouvrait à Washington un nouveau sommet de l’Otan à l’occasion du 75ème anniversaire de celle-ci. Créée en 1949 contre l’ancienne URSS, l’Alliance atlantique rassemble aujourd’hui 32 États occidentaux qui mènent une guerre par procuration contre la Russie par peuple ukrainien interposé. Étaient invités au Sommet également, les dirigeants de plusieurs pays de l’Indo-Pacifique, Japon, Corée du sud, Australie, Nouvelle Zélande qui contribuent à l’effort de guerre ukrainien et que les États-Unis entraînent dans leur croisade contre la Chine.

Pas un mot n’a été dit par ces dirigeants qui prétendent défendre la liberté et la démocratie du monde contre le massacre systématique de la population palestinienne, réduite à la famine, par l’armée israélienne, les bombardements incessants depuis 10 mois qui ont fait des dizaines de milliers de morts, n’épargnant ni les écoles ni les hôpitaux, ni les refuges de l’ONU. « Nous entendons favoriser la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient et en Afrique, et contribuer ainsi à la paix et à la prospérité dans la région » indique le communiqué final du Sommet de Washington. Pour la prospérité des affaires de leurs multinationales au Moyen-Orient, tous ces États, les États-Unis et Biden en premier lieu, soutiennent de façon inconditionnelle la guerre génocidaire de Netanyahou et d’Israël qui vise à rayer le peuple palestinien de la carte.

Hôte du Sommet puisque celui-ci se tenait à Washington, le président en exercice et candidat à sa réélection Biden, qui venait de faire la démonstration, lors d’un débat avec son rival Trump, de son incapacité manifeste à assumer sa fonction, a fait bonne figure l’espace d’un instant en prononçant le discours d’ouverture du Sommet, avec l’aide il est vrai d’un prompteur, tellement habitué qu’il est, aussi, aux grandes envolées mensongères. Tout un symbole de la crise politique qui mine les classes dirigeantes du monde occidental, avec un Macron plus isolé que jamais, privé de sa superbe, et un Premier ministre hongrois, Orban, qui a pris la présidence de l’Union européenne le 1er juillet en même temps que la direction, avec Bardella, du nouveau groupe d’extrême droite qu’il a créé au Parlement européen, « Patriotes pour l’Europe ». Orban, à peine le sommet terminé, a rencontré son ami Trump.

Les représentants d’un monde décadent, que la crise de leur système pousse à s’engager toujours plus dans une fuite en avant autoritaire et militariste et dans l’accentuation de la guerre.

L’Ukraine sous perfusion financière et militaire, soldat de l’Otan pour… en être membre

Juste avant que ne commence le sommet, l’armée russe avait mené des frappes meurtrières contre plusieurs villes d’Ukraine, qui ont fait 43 morts et plus de 200 blessés visant en outre, délibérément semble-t-il, un hôpital pour enfants à Kviv. La sale guerre du tyran Poutine continue de faire des victimes civiles en Ukraine, de même que des frappes ukrainiennes sur la ville russe de Belgorod proche de la frontière. Mais c’est parmi les soldats, de chaque côté de la ligne de front, qu’elle fait des ravages sans que cela fasse les titres des journaux, un carnage qui a déjà englouti des dizaines de milliers d’hommes des deux pays, transformés en chair à canon pour les intérêts de pouvoirs qui, à aucun moment, n’ont cherché une solution pour y mettre fin. Au contraire, et les Etats-Unis, l’Otan, continuent à alimenter « jusqu’à la défaite de la Russie » cette boucherie.

Le Sommet de Washington a ainsi promis et commencé à fournir de nouveaux armements à l’armée ukrainienne, cinq batteries anti-aériennes dont 4 Patriot, des dizaines d’avions de combat F16 et les États-Unis ont autorisé l’utilisation de missiles longue portée contre le territoire russe. 40 milliards d’euros ont été promis à l’Ukraine pour cette année, renouvelables chaque année ensuite. L’institut allemand Kiel a comptabilisé les aides financières totales, économiques et militaires, versées à l’Ukraine depuis le début de la guerre, 276 milliards d’euros dont 75 milliards par les USA et 158 milliards par l’Union européenne dont 64,86 milliards en aides bilatérales. Le rapport de l’institut publié en janvier dernier ne prend pas en compte les aides accordées depuis, celles votées par le congrès américain, 68 milliards de dollars, et l’enveloppe de 50 milliards attribuée par l’UE.

S’est discutée aussi la question de l’intégration de l’Ukraine à l’Otan que réclame Zelensky, mais que ne veulent ni l’Allemagne ni les États-Unis car cela entraînerait au titre de l’article 5 l’entrée en guerre, ouverte et officielle, de l’Otan contre la Russie, avec des conséquences incontrôlables. Si l’Ukraine n’est pas dans l’Otan quoique Zelensky soit invité à toutes ses réunions, l’Otan est bien présente en Ukraine. Le Sommet a arrêté la formule d’une « trajectoire irréversible », promettant cette intégration « après la guerre »… que le peuple ukrainien mène et subit pour les intérêts des puissances occidentales et de sa propre bourgeoisie.

Déploiement militaire des vieilles puissances impérialistes contre leurs rivales capitalistes émergentes

Les 3 et 4 juillet, les dix pays appartenant à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) -Chine, Russie, Belarus, Iran, Inde, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan- s’étaient réunis à Astana, au Kazakhstan, pour affirmer la légitimité d’un monde « multipolaire » face à la domination hégémonique des États-Unis et de leurs alliés. Aucun, sauf le Belarus et l’Iran, n’apporte son soutien à la guerre de la Russie mais tous dont la Chine, refusent de la condamner. Le dictateur et premier ministre indien, Modi, absent au sommet, a rendu visite à Poutine juste avant, condamnant le bombardement de l’hôpital pédiatrique de Kviv. Loin d’être des amis des peuples, à commencer par le leur, ces Etats ne sont cependant pas les principaux fauteurs de guerre comme ils sont présentés par les USA et l’Otan.

Le sommet de Washington a franchi un pas de plus dans l’offensive verbale contre l’Iran, le Belarus et aussi la Corée du Nord qui fournissent des armes à la Russie. Et chose nouvelle, il s’en est pris de manière plus insistante à la Chine. « La République populaire de Chine (RPC), indique la déclaration de fin du sommet de Washington, joue désormais un rôle déterminant dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine au travers de son partenariat dit « sans limites » et du large soutien qu’elle apporte à la base industrielle de défense russe, ce qui accroît la menace que la Russie représente pour ses voisins et pour la sécurité euro-atlantique ».

Organisation censée protéger l’Europe, à l’origine contre l’URSS, l’Otan a élargi sa sphère d’intervention au monde entier, servant l’offensive des États-Unis contre leur principale rivale, la Chine. C’est dans cet objectif qu’elle a créé des partenariats dans la région indo-pacifique avec des États qu’elle a associés à la guerre contre la Russie et qu’elle a décidé, en Europe même, un renforcement de ses capacités d’intervention, prévoyant entre autres la création de 35 à 50 brigades supplémentaires, chaque brigade comprenant 3000 à 5000 hommes. L’objectif est de pouvoir mobiliser 300 000 soldats en moins de 30 jours.

La guerre d’Ukraine a bien constitué un tournant majeur dans la militarisation du monde, le renforcement par les États-Unis de leurs alliances en vue de faire face à d’autres guerres, « de haute intensité » comme le disent les chefs des armées, pour sauvegarder leur domination mondiale, en particulier face à la Chine. La guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien, avec l’appui des États-Unis sans lequel elle ne pourrait continuer, accentue ce tournant guerrier à l’ensemble du Moyen-Orient, contre l’Iran en particulier.

Pas un euro, pas une arme, pas un homme pour leurs guerres !

Depuis la grande récession de 2008, le capital financier mondialisé a poursuivi sa fuite en avant dans sa quête insatiable de nouvelles sources de profits indispensables à sa survie qu’il ne peut plus trouver qu’en surexploitant les travailleur·es, qu’en pillant les peuples par la dette, qu’en détruisant la nature à un degré jamais atteint jusque-là. Cette crise de sénilité du système provoque une exacerbation de la concurrence capitaliste, entre les multinationales, entre les États qui servent les intérêts de celles-ci, concurrence de tous les instants pour l’accaparement des richesses. C’est cette situation, fondamentalement, qui ravive ou crée des tensions militaires et une multitude de guerres meurtrières dans le cadre global de l’offensive des Etats-Unis pour sauvegarder leur hégémonie mondiale mise à mal ces dernières années par les nouvelles puissances capitalistes émergentes.

Depuis 2014 et déjà contre la Russie, l’Otan a entrepris une nouvelle militarisation de l’Europe occidentale, fixant l’objectif de 2 % du PIB pour les budgets militaires de ses membres, un objectif presque partout atteint et dépassé par beaucoup. Aujourd’hui, l’Union européenne se veut en être un fer de lance, à la pointe, comme ses Etats membres ou aussi la Grande Bretagne, de son réarmement contre les « dangers » qui menacent « le mode de vie » et les « libertés » du monde occidental.

Cette pression, la propagande qui en est l’instrument, la guerre aussi contre les migrant·es, la campagne calomniatrice contre les mouvements de solidarité avec les Palestiniens, nourrissent les extrêmes droites, diffusent xénophobie et racisme qui sont leur fonds de commerce. Elles préparent la militarisation de la société dont on peut voir les premières manifestations.

Les travailleur·es, les exploité·es qui n’ont aucun privilège, et donc aucun intérêt commun avec les classes exploiteuses et leurs États, sont seuls à mêmes d’enrayer cette évolution de plus en plus visible par toutes et tous.

En France, alors que les trois blocs parlementaires, issus de la séquence électorale déclenchée par le coup de force de Macron, sont sur une même ligne nationaliste et subordonnée au soutien à la guerre d’Ukraine, cette conscience nouvelle a besoin de prendre corps, de se cristalliser sous la forme d’un parti des travailleurs, indépendant des politiques institutionnelles et parlementaires, clairement internationaliste, révolutionnaire, regroupant toutes celles et ceux qui militent pour un monde de la coopération entre les peuples, pour changer radicalement la société.

Galia Trépère

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