Après plus de deux mois de mobilisation, l’acte X en rassemblant, comme la semaine dernière, 84 000 manifestants selon les chiffres gouvernementaux, en réalité bien plus, a été une nouvelle démonstration de la vitalité du mouvement des gilets jaunes. Et c’est surtout une réponse cinglante à l’opération de diversion du « grand débat » voulue par Macron qui n’a pourtant pas ménagé sa peine pour son lancement…

Le ridicule de la mise en scène des deux shows présidentiels est à l’image de Macron et son monde. Bien protégé des gilets jaunes par un impressionnant cordon de sécurité, avec CRS, hélicoptères, quartiers et villes en état de siège, Macron a, par deux fois, fait le spectacle et mouillé la chemise pendant plus de 6 heures devant un parterre de 600 maires sélectionnés. Il peut hypocritement prétendre vouloir « prendre le pouls vivants du pays » et même, devant un maire lui rappelant toutes ses petites phrases méprisantes, répondre cyniquement « je n’ai jamais stigmatisé qui que ce soit », il n’a pu s’empêcher d’afficher son mépris social, lui qui veut « responsabiliser » les pauvres car « il y en a qui font bien » et d’autres « qui déconnent »… Le ton était donné !

Macron fait son show, au frais du contribuable, pour remobiliser ses troupes avant les élections européennes et municipales, et tenter de faire taire la contestation qui éclate de partout. Il voudrait faire discuter les exploités des modalités de leur propre exploitation, pour mieux la leur faire accepter !

Vaine et vulgaire manœuvre qui s’accompagne aussi d’une volonté de briser la révolte, la détermination du mouvement, de flatter tous les milieux réactionnaires en affirmant LREM comme le parti de l’ordre social en justifiant l’insupportable violence de la répression. Castaner a eu le cynisme de se dire « sidéré » par les accusations de violence policière, alors que même Toubon, le « Défenseur des droits », réclame l’arrêt de l’utilisation des LBD.

Ni la mascarade du « grand débat », ni les 80 000 policiers mobilisés n’ont empêché l’acte X d’être un nouveau succès pour le mouvement. Car le véritable débat ce sont les gilets jaunes qui l’ont initié par leur mobilisation, en s’organisant, en agissant par en bas sur les ronds-points, dans les manifestations, les assemblées générales, sur les réseaux sociaux… Le mouvement, son organisation démocratique, sa détermination et son caractère offensif entraînent une politisation nouvelle à une large échelle bien au-delà d’eux, dans toute la société, dans les entreprises, dans les universités et les lycées.

Les gilets jaunes ont fait la démonstration que le monde du travail est capable de s’organiser démocratiquement, de se mobiliser, en toute indépendance des organisations syndicales ou des partis institutionnels, pour lutter d’une façon offensive pour ses conditions de vie, pour les salaires, les retraites et faire reculer l’État, le pouvoir.

Les gilets jaunes ont ouvert une brèche. Leur mouvement, son dynamisme, son énergie sont un encouragement pour l’ensemble du monde du travail à entrer dans la lutte, à regrouper les forces, faire converger les luttes et les résistances dans un mouvement d’ensemble sur un terrain de classe, non seulement contre Macron mais contre ceux qu’il sert, les capitalistes. Pour cela il ne faut pas laisser le terrain à Le Pen, qui prétend représenter les gilets jaunes alors que son seul objectif est le pouvoir pour servir les classes possédantes dont elle fait partie, ni à tous les politiciens qui voudraient enterrer la colère de la rue dans les urnes des élections européennes du 26 mai.

Il n’y pas d’autre voie que nos luttes pour défendre nos droits et notre avenir. Jour après jour, le capitalisme aggrave nos conditions de travail et de vie alors que les entreprises du CAC 40 ont versé en un an 57,4 milliards d’euros à leurs actionnaires. L’enjeu est bien de faire sortir ces milliards des coffres des multinationales, de la finance, du patronat, pour qu’ils servent à augmenter salaires, pensions et minima sociaux, à embaucher, à développer des services publics dignes de ce nom. C’est bien la domination sur la société de l’oligarchie financière que les gilets jaunes remettent en cause, ils ont raison. La démocratie, c’est bien plus qu’un référendum, la conquête par ceux qui font tout fonctionner du droit de contrôler la marche de la société, de l'économie pour la mettre au service de la population et non de la soif de profit d’une minorité.

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